Eté 19 : adapter un roman à la scène, une véritable mue

Lintrigue
En se mariant, Emma devient Madame BovaryUn pas vers la liberté ? Perdue dans la campagne normande, entre son mari et ses amants, rien n’est moins sûr… Un récit inexorable comme une tragédie, flamboyant comme un drame, mordant comme une comédie.

Les personnages jadis campés par Flaubert ont gardé une saisissante actualité. Retrouvez- les dans une adaptation théâtrale aussi sentimentale qu’humoristique et tonique. Le tout entrecoupé de chansons… 

Présente à Modave depuis 26 saisons, la Cie Lazzy n’a eu de cesse que de ‘dépoussiérer’ des classiques ou de surprendre son public avec des créations de son cru. Pour la seconde saison consécutive, la littérature et ses monstres sacrés sont à l’honneur. Après un très bel hommage à Maupassant (Modave, été 2018), Pascale Vander Zypen emmène la Cie Lazzy dans le sillage de Flaubert. 

Elle relève ainsi la gageure de revisiter sans trahir ‘ces histoires que tout le monde connaît ou croît connaître’.

« J’ai eu un véritable coup de cœur pour l’adaptation de Paul Emond, raconte Pascale Vander Zypen. C’est rythmé, drôle, audacieux ! C’est noble et accessible à la fois. J’ai tout de suite eu l’envie de la monteret de la proposer au public que nous avons fidélisé à Modave. »


Cette gageure se double du défi de ‘reprendre’ l’adaptation de Paul Emond après un indéniable succès, récolté ces dernières saisons, tant à Paris qu’à Avignon. Un pari relevé avec confiance par la Cie Lazzy. 

« En réalité, précise Olivier Lenel, je me soucie peu du succès de la version française de l’adaptation d’Emond.J’ai avec moi une équipe de comédiens qui ont des personnalités scéniques très fortes et qui ont, tous, la capacité de donner beaucoup de légèreté et d’humour à ce qu’ils font.» 
Des qualités qui seront mises à profit pour aborder les triples rôles qui les attendent. Tous enfileront en effet trois casquettes : celle d’un narrateur, d’un ou de plusieurs personnages et celle de chanteur

Des rôles multiples
L’adaptation de Paul Emond allie en effet des parties narratives et dialoguées, le tout entrecoupé de chansons. Cette structure particulière orientera bien évidemment le travail de mise en scène. « L’adaptation crée un cadre très jouant dans lesquels les narrateurs/personnages n’ont pas le temps de s’appesantir. En cela, conclut Olivier Lenel, c’est assez distancié comme approche. »

Paul Emond a insufflé une dynamique teintée d’humour au roman de Flaubert. « C’est une histoire dans laquelle les protagonistes font preuve d’une drôlerie pathétique, d’une lâcheté presque burlesque, d’un cynisme parfois glaçant… Une forme d’urgence se dégage de l’adaptation. Les scènes sont courtes et très factuelles. Cela m’a mis sur la piste d’une reconstitution de l’histoire d’Emma, commente encore Olivier Lenel. Notre histoire débouche, on le sait, sur un cadavre. Nos quatre personnages enquêtent et rejouent devant nous les faits, se questionnent sur les intentions des uns et des autres.» 

Drôle la mélancolie ?
Humour, cynisme dans une histoire que l’on imagine volontiers tragique, n’est-ce pas une trahison ? « La mort d’Emma, rappelle Olivier Lenel, est la conclusion logique d’une vie passée à rêver de passion et pourtant empêchée de la vivre.Les personnages de Flaubert sont en fait assez horribles car ils ne semblent touchés par rien et en même temps, ils se révèlent touchants parce qu’ils ne se rendent pas compte de la vacuité de leur existence. L’humour ne saurait dans ces conditions être une trahison… »

Musique maestro
Rendre cette histoire haletante fait donc partie des défis à relever par Pascale Vander Zypen et son équipe. Tous seront également confrontés à la nécessité d’intégrer aux parties jouées une importante partition musicale.   
« Nous allons collaborer avec Olivier Thomas qui souhaite travailler avec les comédiens pour ce qu’ils sont. Cela veut dire que chanter, ce sera aussi faire face à ses faiblesses. Nous ne visons pas une performance musicale mais nous allons chercher à ce que chacun exprime ce qu’il est vraiment… Et, conclut, Olivier Lenel, tout cela devrait aussi rendre l’histoire d’Emma accessible à tous et même aux plus jeunes.»